Le physicien théoricien américain d’origine japonaise Yoichiro Nambu est décédé à Osaka (Japon) à l’âge de 94 ans, après une longue carrière académique à l’Université de Chicago. Nambu était arrivé à Chicago en 1954 pour travailler auprès d’Enrico Fermi, après deux années passées à l’Institute for Advanced Studies de Princeton.
A la fin des années 1950, Yoichiro Nambu avait introduit le mécanisme de brisure spontanée de symétrie dans un contexte de physique de la matière condensée, pour expliquer la transition de phase supraconductrice. En 1960, il transposait son idée dans le contexte de la physique des particules 1. C’est après avoir lu ces travaux fondamentaux de Nambu que Robert Brout, François Englert et — indépendamment — Peter Higgs ont construit le mécanisme associé au boson BEH, que le grand public connait sous le nom de « boson de Higgs ». Yoichiro Nambu a reçu le prix Nobel de physique 2008 pour ce travail.
On doit également à Yoichiro Nambu l’introduction du concept de couleur dans le contexte de l’interaction nucléaire forte entre les quarks et les gluons, qui conduira plus tard à la théorie quantique des champs appelée « chromodynamique quantique ».
Enfin, Yoichiro Nambu est l’un des pionniers de la théorie de cordes, dont les étudiants rencontrent assez tôt l’action de Nambu-Goto 2.
Orientation bibliographique
- University of Chicago ; Yoichiro Nambu, Nobel-winning theoretical physicist, 1921-2015, UChicago News (July 17, 2015), web.
- Hamish Johnston ; Physicist who brought symmetry breaking to particle physics dies at 94, Physics World (Jul 17, 2015), web.
- William Grimes ; Yoichiro Nambu, Nobel-Winning Physicist, Dies at 94, New-York Times (July 17, 2015), web.
- Madhusree Mukerjee ; Profile: Yoichiro Nambu in 1995 – Strings and gluons – The seer, this year’s physics Nobel laureate, saw them all, Scientific American (October 7, 2008), web.
Notes
- Tom W.B. Kibble ; Englert-Brout-Higgs-Guralnik-Hagen-Kibble mechanism (history), Scholarpedia 4(1) (2009), 8741, web. ↩
- Signalons toutefois que, à la différence des deux contributions scientifiques précédentes, la théorie des cordes reste à ce jour — soit plus de quarante ans après son invention — une magnifique cathédrale théorique bâtie sur d’élégants concepts mathématiques, mais n’ayant aucun lien avec le monde physique expérimental. ↩